Points Clés
- En 2023, Albert Serra a filmé plus de 700 heures de séquences en suivant Andrés Roca Rey et Pablo Aguado.
- Les séquences d'Andrés Roca Rey ont donné le film primé 'Tardes de soledad'.
- Les séquences de Pablo Aguado sont devenues 'Tauromaquia', une œuvre d'art vidéo pour les musées.
- Albert Serra a 50 ans et est originaire de Banyoles, Girona.
Résumé Rapide
Le réalisateur Albert Serra et le matador Pablo Aguado ont récemment évoqué une collaboration artistique unique qui a duré toute la saison de tauromachie 2023. Le projet a consisté à filmer la vie quotidienne et les performances de deux grands matadors : le Péruvien Andrés Roca Rey et le Sévillan Pablo Aguado.
Les séquences résultantes totalisaient plus de 700 heures. Serra a utilisé ce matériau pour créer deux projets visuels distincts. L'un s'est concentré sur Roca Rey, donnant le long métrage primé 'Tardes de soledad'. L'autre s'est concentré sur Aguado, évoluant vers 'Tauromaquia', une œuvre d'art vidéo destinée à être exposée dans les musées plutôt qu'au cinéma traditionnel.
Serra et Aguado ont récemment réfléchi à ce processus. Ils ont discuté du contraste entre la tension dramatique de Roca Rey et la nature plastique et calme du style d'Aguado. La conversation a mis en lumière les défis artistiques de capturer l'essence du monde de la tauromachie à la caméra.
Le Projet des 700 Heures
La collaboration a débuté en 2023 lorsque Albert Serra a décidé de documenter la vie de deux figures majeures du monde de la tauromachie. Il a suivi Andrés Roca Rey et Pablo Aguado à travers les ruedos (arènes) pour capturer leur tension et leur existence quotidienne. L'ampleur du tournage a été considérable, aboutissant à une vaste archive de plus de 700 heures de vidéo brute.
L'objectif de Serra était de retracer la trajectoire de ces deux maîtres du métier. Les séquences ont capturé non seulement leurs performances publiques, mais aussi les moments privés entourant leurs carrières. Cette richesse de matériel a fourni la base pour deux processus d'édition distincts qui mèneraient à des produits finaux très différents.
Le volume immense des séquences a nécessité un processus de sélection minutieux. Serra a dû distiller l'essence de l'expérience tauromachique à partir de milliers de minutes de bande. Ce processus a mis en évidence les caractéristiques uniques de chaque matador.
Dualité : Drame contre Esthétique
Dans la salle de montage, Albert Serra a été confronté à un dilemme fondamental : le drame contre l'esthétique. Il a décrit le défi comme un équilibre entre la nature tragique de la corrida et sa plasticité visuelle. Les séquences d'Andrés Roca Rey ont fourni l'élément dramatique. Serra a noté que Roca Rey « aportó —incluso derrochó— esa pugna entre la vida y la muerte » (a contribué — voire gaspillé — cette lutte entre la vie et la mort).
Au contraire, Pablo Aguado a offert une énergie différente. Serra a observé que Aguado « desprendía en cambio una calma desde la que se podía apreciar el elemento más plástico de la tauromaquia » (dégageait au contraire une quiétude depuis laquelle on pouvait apprécier l'élément le plus plastique de la tauromachie). Cette distinction a guidé la création des deux œuvres séparées.
Le contraste entre les deux matadors a permis à Serra d'explorer le genre sous deux angles. L'un s'est concentré sur la réalité viscérale de la lutte, tandis que l'autre s'est concentré sur la forme artistique et le mouvement inhérents à la tradition.
Deux Résultats Distincts
Le processus d'édition a abouti à deux œuvres terminées avec des destins différents. Le portrait d'Andrés Roca Rey a été compilé dans le long métrage 'Tardes de soledad'. Ce projet a reçu des critiques élogieuses et des récompenses, consolidant son statut de succès cinématographique.
Les séquences de Pablo Aguado ont pris un chemin différent. Elles sont devenues 'Tauromaquia', une œuvre d'art vidéo conçue spécifiquement pour l'exposition en musée. Ce format a permis une expérience de visionnement différente, se concentrant sur les éléments visuels et plastiques du sport plutôt que sur une structure narrative.
Lors de leur récente conversation, Pablo Aguado a évoqué l'expérience d'être filmé. Il a réfléchi à la nature du sport lui-même, déclarant : « En la tauromaquia cabe una ejecución delicada, fina » (En tauromachie, il y a place pour une exécution délicate, fine). Cette citation résume l'approche artistique adoptée dans l'œuvre d'art vidéo.
Conclusion
Le projet entre Albert Serra et Pablo Aguado représente une intersection significative entre sport traditionnel et art contemporain. En capturant plus de 700 heures de séquences en 2023, Serra a créé un registre visuel complet du monde de la tauromachie.
La production divisée — un film traditionnel pour Andrés Roca Rey et une installation muséale pour Pablo Aguado — démontre la polyvalence du matériau source. Elle met également en évidence les potentiels artistiques différents que l'on trouve au sein de la communauté tauromachique. La collaboration a réussi à traduire la réalité physique de l'arène en des formes distinctes d'art vidéo.
"En la tauromaquia cabe una ejecución delicada, fina"
— Pablo Aguado, Matador
"Aportó —incluso derrochó— esa pugna entre la vida y la muerte"
— Albert Serra, Réalisateur, sur Andrés Roca Rey
"Desprendía en cambio una calma desde la que se podía apreciar el elemento más plástico de la tauromaquia"
— Albert Serra, Réalisateur, sur Pablo Aguado




